0,00 MAD
No products in the cart.
spot_img

Max Cohen Olivar

DÉCOUVREZ L’HISTOIRE CAPTIVANTE EN PDF

Max Cohen Olivar est le champion de course automobile le plus récompensé mais également le plus charismatique du pays. «Ancien» depuis toujours puisqu’ayant débuté très tôt, dans les années 60 à Casa, Max Cohen Olivar ne lâche toujours rien, repoussant son arrêt définitif de la compétition dans deux ans…lorsqu’il fêtera son cinquantenaire de course automobile.

Avec une licence obtenue en 1962 et une course automobile aux 6h d’Estoril au Portugal durant le mois de novembre 2010, vous êtes l’un des acteurs du sport auto marocain ayant certainement la plus belle vision panoramique de ce secteur. Comment voyez-vous son évolution depuis trois décennies ?

C’est un fait de constater que le sport automobile n’a pas beaucoup progressé durant toutes ces années sauf récemment avec des voitures plus performantes comme la fameuse Legend Cars Serie. On ne peut se développer et s’épanouir qu’à partir des socles de la formation et de l’éducation. Ce sont deux composantes majeures indiscutables. En ce qui concerne le sport automobile, le secteur est plus difficile, un peu plus compliqué que d’autres car il faut beaucoup d’infrastructures et de matériel pour la formation des plus doués d’entre les très jeunes. Cela étant dit, il y a, à l’heure où nous parlons, énormément de projets notamment de stades automobiles qui sont en voie de réalisation. Tout est lancé même s’il a fallu trente années pour se mettre en marche et ce, en raison du financement onéreux de ce sport qui est soutenu par des annonceurs lesquels ont, désormais, des plateformes médiatiques pour faire rayonner leur image. Tout ce secteur de « sports auto » s’inscrit surtout dans la dynamique du secteur automobile, en général, qui a vu un essor considérable depuis dix ans avec, à titre d’exemple, l’explosion du parc auto ou encore la baisse des droits de douane. C’est tout l’ensemble du secteur automobile qui a pris un virage neuf, extrêmement constructif, ces dernières années.

Jusqu’au nouveau code de la route et sa volonté de rationalisation…

L’instauration du nouveau code de la route est une excellente chose qui va dans le sens de la formation du sport automobile. Il est important que cessent enfin les éternelles confusions entre l’imprudence et la témérité rencontrées sur les routes et la pratique du sport automobile effectuée dans le cadre de conditions réglementées avec piste aux normes et mesures de sécurité. Un tel cadre permet aux gens de pouvoir s’exprimer sur piste, de maîtriser leur véhicule et de pouvoir garantir leur sécurité sachant que ceux qu’ils sont ceux qui le domine beaucoup mieux sur la route. Aujourd’hui, en Europe, les circuits sont devenus rentables grâce au code de la route car les gens ne pouvant plus rouler vite le font en circuit fermé. On peut penser qu’il en sera de même, ici, avec le développement du sport auto qui se fera par les non sportifs et ce, en ouvrant les pistes à tout usager qui aura envie d’apprendre une conduite sportive. Il est indéniable que plusieurs paramètres se sont mis en place permettant le démarrage du sport auto avec d’une part, le fameux Grand Prix de Marrakech et les projets de circuits en voie de réalisation d’ici un à trois ans.

A quel âge avez-vous eu le désir de piloter des voitures ?

Depuis tout petit, j’ai toujours aimé la compétition quelque soit le jeu. Les Dinky Toys, les petites motos, le vélo, tout était sujet à la compétition. Très jeune, vers 13 ans, j’ai commencé à suivre mon frère aîné et à conduire des Renault Dauphine, des Fiats 600 dans des circuits fermés et à l’âge de 15 ans, j’ai fait mon premier tonneau. J’ai toujours aimé la compétition au dessus de tout même, si je puis, dire de la joie d’être premier. C’est une satisfaction énorme de gagner, certes, mais pas aussi forte que celle ressentie lorsque je maîtrise mon véhicule poussé dans ses derniers retranchements . C’est une inestimable sensation.

Quels ont été vos premiers pas dans l’univers de la course automobile ?

Un petit peu dispersés, peut-être, d’où le fait qu’aujourd’hui je me sente autant concerné par la formation des jeunes pilotes doués. Car des pilotes qui ont un bon équilibre et qui ont de fortes pointes de vitesse, on peut en trouver 8 sur 10. Devenir professionnel est une toute autre histoire sur le plan mental et même physique, de nos jours. En ce qui me concerne, j’avais une famille fortement réfractaire à ma passion car j’étais, depuis toujours, un garçon hyperactif qui revenait accidenté à la maison ou pire lorsqu’à 14 ans renversé par une voiture, j’ai eu la jambe broyée et suis resté alité durant huit mois. Ma mère est décédée à l’âge de mes 15 ans et mon père a dès lors catégoriquement refusé de m’aider dans ce domaine. Comme c’est un sport coûteux, il refusait de m’offrir une voiture de course et pensait ainsi me bloquer un petit peu. C’est avec l’argent de l’assurance d’un accident où, gravement blessé à la colonne vertébrale j’ai reçu une prime phénoménale pour invalidité à 50%- que je me suis offert une Gordini. Mon père en était véritablement furieux (rires). Après, j’ai été un pilote semi-pro grâce au sponsoring de Primagaz qui a financé de grandes courses mais je n’ai pas été professionnel en raison du fait d’un environnement familial qui ne me canalisait pas suffisamment. Ayant reçu une éducation classique, j’étais partagé entre plusieurs choses : il y avait les études, HEC Lausanne, que j’ai faites à reculons mais je les ai faites, ma situation à construire, le décès de mon père durant mes 24 ans, autant de faits tangibles qui ont freiné mon accès à la nécessaire rigueur de vie au niveau professionnel. Ce qui ne m’a pas empêché de courir 10 années au Championnat du Monde des sports prototypes et 23 fois aux 24h du Mans. Votre carrière est émaillée de succès.

Quelle est la course qui vous a le plus marqué ?

Je ne dirai pas qu’il s’agit de la première que j’ai gagnée en 1962 car, en vérité, j’étais super entraîné et j’avais ce don inné de la vitesse et du bon équilibre. Ma carrière a une longévité relativement exceptionnelle puisqu’ayant commencé en 1962, j’ai encore couru le mois dernier au Portugal, je n’ai pas fait une seule erreur sous la pluie à 240 km/h. Mon épouse qui est la mieux placée pour m’aider à répondre m’a dit que durant la course de mes premières 24h du Mans, en 1971, où j’étais dans les 5 premiers à quelques heures de l’arrivée, j’étais vraiment sur une autre planète. A l’époque, je terminais mes études HEC et je me suis lié avec une écurie suisse qui me faisait courir dans ses voitures de compétition. Lorsqu’ils m’ont annoncé qu’il y avait la possibilité de courir aux 24h du Mans, je ne m’y attendais pas forcément. Cette annonce qui réalisait une partie du rêve de ma vie était fabuleuse, tout simplement fabuleuse. Pour tout coureur automobile le Mans est une course d’endurance majestueuse, vraiment phénoménale. Il y a cette fameuse ligne droite des Hunaudières qu’aucun pilote ne peut maîtriser. On se doit alors d’accepter d’être un passager de l’histoire, de la route et de la mécanique. Car, c’est tout droit et à fond, ralentir ne sert à rien à ce niveau-là. C’est un état de lévitation total qui nous donne l’impression de traverser le temps. La première fois, je n’ai pas eu peur. Je me suis senti grandi comme si j’avais vaincu un obstacle en moi. A postériori, la peur est remontée un petit peu (rires) mais c’est vraiment une hérésie de commencer à avoir peur quand on est vieux alors que c’est jeune que l’on a tout à perdre. Mon épouse qui est mon témoin de vie pense que je joue dans une sorte de défi permanent avec la mort depuis que jeune, très jeune, mes parents sont décédés. Trop jeune car on se retrouve à devoir, seul, répondre à ce « qu’est-ce que je vais faire là-dedans » qui conditionne nos choix de vie. J’ai développé cette hyperactivité plus encore que je ne l’avais petit comme si je narguais la mort. Peut- être. Ce qui est sûr et certain, c’est qu’entre deux courses, je suis en décompensation totale et, on peut dire le mot, en manque. Quand l’adrénaline a disparu, je me sens désaxé. L’adrénaline m’égalise mais je suis obligé de faire ma descente avec ses rythmes, ses paliers, ses émotions rétrospectives.

Quel est votre rapport avec la peur durant une course ?

On pense toujours que l’on est immortel et puis un jour, dans votre course, un pilote se tue. Alors la peur vous envahit avant d’entrer dans le cockpit mais parallèlement un mécanisme de défense se déclenche et vous vous dites que statistiquement l’événement ne peut pas se répéter dans la même épreuve. Alors de cette peur, vous vous sentez délivré. Malgré la douleur, la course continue et reprend ses droits.

Jusqu’à la fois où cela a vraiment été la votre. Racontez-nous la course de Monza en 1991 qui a traumatisé votre fille devenue réticente, depuis, à vous accompagner sur les circuits.

Durant cette course de championnat du monde, je conduisais une Porsche 962. l. L’une des voitures les plus rapides du monde en sport avec 800 chevaux et des pointes à 365 km/h. Lors de cette course, un colossal accident m’a permis de passer pour la première fois en prime time de TF1, c’était magnifique ( rires)! Quand j’ai revu le film ensuite, j’y ai vu la voiture retournée, les flammes et j’ai entendu les commentaires de Henri Pescarolo, véritable pape du Mans puisqu’il l’a gagné 4 fois et y a couru 30 fois, qui disait au micro en direct, : « Pour l’instant la voiture de notre ami Olivar est sortie de la route. La voiture est retournée et je vois que les secours n’arrivent pas à sortir Max Olivar. La voiture prend flamme. Max est un garçon très sympathique mais je crois que cette fois-ci, il va brûler » ( rires). C’est grâce à ma pratique des arts martiaux et ma ceinture noire de karaté que j’ai pu m’extirper de la voiture. Cet accident n’est pas le fruit du hasard. Durant cette course, tout le staff de Primagaz, mon sponsor, était présent. En tant que pilote, j’étais obligé de faire du PR. C’était terrible pour moi toute cette tension et dispersion qui m’écartait de la nécessaire concentration de la course. Dans le fameux virage « la parabolique », la voiture a glissé (ce qui ne m’a pas fait peur car je rattrape très bien les autos qui glissent) directement vers la pile de pneus de protection qui ont provoqué un choc tel que la voiture a décollé et a atterri sur le dos comme une tortue. Pendant que la voiture prenait feu, j’étais attaché et sanglé dans ce minuscule espace. Avec mes 20 ans de karaté, je me suis détaché et me suis retourné comme un singe avec en tête l’idée de sortir de là, de ne pas brûler comme un cafard et j’étais sûr que j’allais m’en sortir. Quand retourné, je me suis rendu compte que les secours n’arrivaient pas à ouvrir les portes, j’ai donné un grand coup avec mes jambes et le type a pu entrer une sorte de levier et là, il a pu casser la portière. Sauvé ! Mon épouse et ma fille attendaient, glacées, les nouvelles de mon état sur les gradins avec les micros italiens qui en rajoutaient un peu. Depuis cette course, ma fille est, en effet, un peu réfractaire à venir m’accompagner sur les circuits. Quinze jours après l’accident, au circuit de Silverstone, j’ai eu un excès de claustrophobie, moi qui ne le suis pas du tout, vite dépassé. Après ce genre de course, où l’on vainc la peur, on se sent grandi de deux mètres. Le dernier grand accident de ma carrière date d’il y a trois ans au circuit de Magny-Cours : j’ai voulu doubler une auto et ce faisant, je l’ai à peine effleuré avec mon aileron et là, je suis parti directement vers le mur. Un gros crash. Sans le nouveau système de sécurité « Hans », j’y restais, c’est sûr et certain mais bon quand j’ai tapé le mur, ma tête est partie mais a été retenue d’un côté à l’autre. Impeccable, vraiment, juste un poignet fracturé.

Depuis le début de votre carrière, la technologie a donné une autre impulsion à la course automobile. Quelles sont les évolutions les plus marquantes de la mécanique auto qui a changé le visage de ce sport depuis 1962 ?

La première différence, la plus importante puisqu’elle a entraîné un gros changement de la course automobile, c’est l’évolution des pneus vers des pneus lisses. Dès lors qu’elles ne glissaient plus, les autos ont considérablement changé. En toute logique, l’aérodynamique, seconde évolution marquante, en a été entièrement modifiée. Troisième évolution d’importance majeure : l’électronique embarquée et le transfert des technologies des voitures de sport au grand public et parallèlement à tout cela, les mesures de sécurité qui se sont complexifiées pour davantage de protection de l’automobile comme du pilote. Lors de mon 1er Mans, les voitures ayant peu d’adhérence étaient légères à conduire un peu comme Fangio avec ses trois doigts au volant. Ce n’est plus le cas, aujourd’hui, avec l’effet de sol où la conduite, plus dure, exige de la force physique même si les réglages en télémétrie sont de plus en plus fins.

Quelle voiture avez-vous préféré piloter en rallye professionnel. Pourquoi?

(Silence). C’est difficile de répondre à cette question. Je dirai que la plus attrayante est la Porsche 962 pour sa puissance. Avec le Mans, j’ai eu l’opportunité, de voir de très près les derniers prototypes des différentes écuries et j’ai toujours un plaisir inégalé à découvrir les dernières technologies. Cela étant, j’ai un net penchant pour la Porsche 962, une voiture qui a marqué l’histoire du sport automobile.

Quels sont les critères qui définissent un bon pilote professionnel, à vos yeux?

Il faut qu’un homme réunisse quatre éléments indispensables et dans un ordre précis : maîtriser l’équilibre, la pointe de vitesse, avoir un physique athlétique et un mental de champion. Le mental autour duquel tout le monde se penche est un ensemble de paramètres comme la concentration, la volonté d’être devant, l’abnégation de certaines choses dans ses choix de vie et une force qui, après une mauvaise perf empêche l’effondrement. L’aspect physique intervient de plus en plus notamment en Formule 1 où il fait la différence, aujourd’hui avec l’effet de sol qui rend la conduite des voitures plus dure. Schumacher, à mes yeux, a fait la différence grâce à ses quatre heures de sport par jour. Cela étant dit, la formation et l’éducation sont les composants fondamentaux de tous les êtres humains et le métier de pilote n’échappe pas à la règle.

Que manque t-il encore au Maroc malgré les belles avancées ( Rallye Marrakech, pilotes émergents, etc ) dans ce domaine ?

Mon souhait le plus profond dès que nous aurons un circuit permanent est de fonder une Académie des Sports Automobiles afin de repérer les jeunes pousses dès leur passage au karting, de les entraîner aux techniques comme le contrôle de la glisse, par exemple, ou de leur faire travailler ce nécessaire équilibre sur le circuit auto ou encore de les coacher. Il y a actuellement de très bons coureurs automobiles qui faute d’un bon coaching ne pourront peut-être aller plus loin.

Quelles sont les actions de l’Association Sportive Automobile Gazelle dont vous êtes le plus fier ?

Incontestablement, l’événement « un rêve pour tous » organisé en partenariat avec l’Association Marocaine des Handicapés. Nous avons loué un circuit fermé et avons fait des baptêmes de piste pour personne à mobilité réduite avec l’ensemble des pilotes présents avec leur voiture de course. Tous ces gens qui n’avaient pas beaucoup la possibilité de conduire des voitures ou encore des voitures de course sont montés au fur et à mesure dans les voitures. Attachés et sanglés, ils ont fait des tours à très grande vitesse. Je me souviens que nous étions tous fous de joie de leur bonheur vécu et celui transmis par des passionnés de vitesse. Nous n’avons pas réitéré l’opération en raison de la difficulté à réunir toutes ces voitures durant une journée.

Que vous a apporté la pratique du sport automobile?

La course auto m’a appris une chose : « l’important n’est pas d’être battu mais de ne pas se battre ». Au-delà de cela, je peux dire que sur le plan humain c’est une merveilleuse école de vie et les rencontres étaient passionnantes. On y forge son caractère sur des valeurs comme le courage, la ténacité, l’humilité et le respect de l’autre. Enfin, on côtoie triomphe après défaite, des déceptions profondes et des joies lumineuses de toutes sortes, un peu comme lorsque l’hymne marocain a retenti aux 24h du Mans devant 250 000 personnes. Et là, on a vraiment l’impression d’exister.

A titre personnel, êtes-vous collectionneur de voitures?

Je ne suis pas un grand collectionneur. J’aime les autos mais j’ai plutôt un rapport d’homme d’action avec elles. La Ferrari 458 est une voiture que j’apprécie parce qu’elle incarne parfaitement mon passage de pilote de course à celui de courir pour le plaisir avec des passionnés comme les Gentlemen Drivers à qui je peux apporter un plus en technique de pilotage. Elle incarne ma transition actuelle car c’est, en vérité, une voiture de course déguisée en voiture de ville qui permet de rouler en circuits fermés. Sinon, dans ma vie civile, si je puis dire, j’ai une Lexus qui a 10 ans et 200 000 km au compteur, un rav 4 qui a 8 ans et 130 000 km. Franchement, je roule dans n’importe quelle voiture pourvu qu’elle réponde au critère de fiabilité et je le dis sincèrement. D’ailleurs, je déteste conduire en ville, c’est fatigant nerveusement. Pour la conduite en ville, j’ai mon scooter ( rires).

spot_img

autres articles