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Entretien Philippe Delaporte – Le Phileas Fogg des temps modernes (Version Française)

Le Phileas Fogg des temps modernes

Faire le tour du monde est un rêve qui a caressé de nombreuses personnes et certains ont pu le réaliser. Mais le faire au volant d’un bolide aussi rapide qu’une Porsche 928 GT, il n’y a que Philippe Delaporte à en avoir été capable. Signe de reconnaissance de cette prouesse, sa voiture est devenue une icône, exposée lors de certains grands rendez-vous de l’automobile, tels que le Salon Rétromobile et au Porsche Expérience Center au Mans. Philippe a une grande expérience de voyages lointains, avec la réalisation de raids automobiles, dont une traversée de l’Afrique en 4 mois. Directeur opérationnel dans le Shipping Maritime, il a traversé plus de 100 pays. Ses deux fils se sont joints à lui dans ses aventures.

Lors de cet entretien exclusif accordé à gentlemen Drivers, Delaporte nous plonge dans son univers fascinant, émaillé d’aventures inédites aux quatre coins du globe. 

Découvrir l’histoire captivante en PDF

Votre passion pour l’automobile remonte-t-elle à l’enfance ?

Oui, mon père était directeur chez Simca et j’ai grandi à Poissy, où se trouvait l’usine.
L’automobile occupait une place importante dans notre famille. Nous changions régulièrement de voiture et j’étais toujours fasciné par le dernier modèle qui arrivait à la maison. Mon plus grand souvenir de compétition automobile était les 24h du Mans de1970, lorsque Porsche a gagné le Mans pour la première fois, avec la Porsche 917.

 

Quelle fut votre première voiture ?

Ma première voiture fut une Renault 4 de 1969. C’était une promesse de mon père, qui m’avait dit qu’il m’achèterait une voiture si j’obtenais mon bac. Cela n’a pas été facile, mais dès que j’ai eu mon diplôme en poche, nous sommes allés chercher la 4L, qui était en vente dans un petit garage de Paris. 

 

L’idée de partir découvrir des contrées lointaines vous a étreint dès l’obtention de votre bac. Pourquoi une telle envie de partir loin ?

L’idée a germé l’année suivant l’acquisition de cette 4L. Alors étudiant en première année de médecine où je n’étais pas franchement motivé, j’avais un livre d’aventure qui était devenu mon livre de chevet : La Terre en Liberté, de Christian Galissian. C’est l’histoire d’un type qui part faire le tour du monde en fourgonnette 2 CV, avec peu de moyens, dans les années 70. Je me suis imaginé vivre une aventure similaire, beaucoup plus réduite, mais la soif de l’aventure et de la découverte d’autres contrées et civilisations à bord d’une voiture, me fascinaient. J’ai motivé un camarade étudiant en médecine de m’accompagner et l’été 1977, nous sommes partis à destination de l’Iran.

 

L’aventure a été totale. Nous avons eu toutes sortes de galères mécaniques, parfois très sérieuses, mais avec beaucoup d’obstination et d’improvisations, j’ai réussi à ramener cette voiture à Paris. La passion de l’aventure était née. Mon copain a été dégoûté de ce type de projet, mais quant à moi je ne pensais qu’à une chose, repartir avec cette voiture vers d’autres destinations, mais cette fois- ci en la préparant un peu mieux et en apprenant les bases de la mécanique. C’est ce qui s’est passé avec trois autres voyages réalisés par la suite au détour d’études diverses et variées : 1979 (Traversée du Sahara), 1981 (Cap Nord), 1984 (Paris – Kinshasa avec retour en France sur un cargo zaïrois). Pour préparer le voyage le plus long, j’ai reconstruit la voiture de A à Z, en partant d’un autre châssis. Il a duré quatre mois, dont le premier mois jusqu’à Niamey avec ma petite amie, qui est mon épouse depuis 40 ans. Puis trois mois seul jusqu’à Kinshasa et retour, à bord du cargo. Depuis, cette 4L se trouve en Dordogne dans une maison familiale et porte les stigmates des 37 pays traversés à son bord.  

Comment avez-vous eu l’idée de faire le tour du monde à bord d’une Porsche 928 ?

J’ai partagé ma passion de l’automobile avec mes fils et par chance, ils sont tombés dans la soupe, devenant eux-mêmes de véritables passionnés. 

 

Nous avons partagé énormément d’émotions intenses en sport automobile, en participant notamment à des circuits, du Mans à Montlhéry…, ou à des manifestations tels que Le Mans Classic, les salons Rétromobile. Ils ont gardé en souvenir d’enfance la 4L baroudeuse qu’ils retrouvaient à la campagne pendant les vacances et que je leur faisais conduire depuis tous petits au milieu des vignes. Cette voiture les a marqués avec son look d’aventureuse (réhaussée, échappement sur le toit…)

C’est ainsi qu’un soir de 2010, mon fils Baudouin m’a annoncé qu’il souhaitait que nous réalisions ensemble un raid en auto, comme ceux réalisés en 4L. J’ai immédiatement sorti une carte du monde et posé la question : où aller et avec quelle auto ? Le choix s’est vite porté sur la 928, voiture en parfait état, solide et certainement fiable, après avoir subi une grosse révision mécanique et une préparation adaptée à un road trip. 

Que représente la marque Porsche pour vous ?

La marque Porsche m’a fascinée depuis sa victoire au Mans, avec la 917 en 1970, puis celles du Dakar avec la 959, à plusieurs reprises. Elle représente la performance à travers les résultats en compétition et une technologie de pointe, grâce à la compétition de haut niveau que l’on retrouve dans l’ensemble de la gamme  

Et pourquoi l’avoir refait à deux reprises à bord d’une Porsche 928 ?

En fait, trois voyages ont été réalisés avec la Porsche 928. En 2011 – Asie centrale (24.000 km – 27 Pays, réalisé avec mon fils Baudouin), 2016 – Tour du monde
35.000 km – 13 Pays) et 2021- Islande (5.000 km, le tour de l’Islande, réalisé avec un ami).  Au total, la Porsche 928 a parcouru 64.000 km à travers 40 pays. 

 

Quels souvenirs en gardez-vous ? 

Des souvenirs incroyables, engendrés tout au long des kilomètres parcourus lors de ces voyages. Le pare-brise de la voiture représente une sorte d’écran géant, sur lequel ont défilé des paysages les plus divers : Des steppes mongoles, de nombreux déserts, la mer d’Aral, le lac Baïkal, le cercle polaire, franchi en Alaska, des villes et lieux mythiques, St Pétersbourg, Persépolis, Hiroshima, le Grand Canyon, des montagnes majeures comme le mont Fuji au Japon, le mont Mac Kinley en Alaska…Et des rencontres permanentes faites au bord des routes, facilitées par l’impact occasionné par la 928 venue par la route dans ces contrées éloignées. 
Une voiture qui n’avait pas vraiment vocation à rouler dans des lieux parfois difficiles et qui intriguait par cette roue sur le toit, son compteur gradué à 300 km/h et le bruit caractéristique de son moteur V8 de 5 litres de cylindrée. 

Etait-ce important pour vous que vos fils partagent votre passion pour le voyage ?

C’est là toute la beauté de ces voyages. D’avoir partagé avec mes fils à tour de rôle cette aventure, où chaque jour était une découverte, tant par les paysages traversés, les rencontres faites et l’inconnu du quotidien. C’est une expérience unique entre père et fils et qui n’aurait pas été la même si nous étions en groupe ou avec une véritable organisation. Là, nous étions seuls, partagions les inquiétudes de l’inconnu, nous avancions chaque jour sans savoir où nous allions dormir le soir. Ce type d’expérience vécue avec ses fils est extraordinaire. Ce sont des moments de vie incomparables, que nous avons vécus ensemble.


Vous avez participé à deux reprises au Mans Classic. Racontez-nous cette expérience…


Le Mans Classic est un évènement extraordinaire, où défilent sur la piste des voitures mythiques de toutes générations. Nous y sommes allés à plusieurs fois, et s’y rendre avec la 928 au retour d’un grand voyage était un souvenir unique.  

Vous racontez vos périples dans un bouquin intitulé « Autour du monde en Porsche entre père et fils ». Est-ce si important pour vous de partager vos exploits avec le plus grand nombre ?

Ce livre a été réalisé par la volonté d’un ami aventurier, devenu éditeur, qui m’a dit au retour du Tour du monde que cette aventure devait faire l’objet d’un livre pour trois raisons : d’abord, c’est une grande aventure, puisqu’il s’agit d’un tour du monde, ensuite réalisée avec une voiture atypique (une GT prévue pour l’autoroute), enfin c’est une aventure vécue et partagée entre un père et ses fils.

Ce livre représente la parfaite synthèse de ces épopées, beaucoup de photos, un récit bilingue français / anglais, les témoignages de mes fils et les détails de la préparation de la voiture. C’est important de pouvoir partager cette grande aventure avec beaucoup de personnes via ce livre, qui est parfois commandé par des porschistes à l’autre bout du monde, curieux d’en savoir plus. Pour d’autres, il suscite l’envie de vivre de telles aventures.


Votre voiture est devenue une icône, exposée sur le stand de Porsche au Salon Rétromobile et au Porsche Expérience Center au Mans.
Cette médiatisation était-elle un objectif, pour vous ?

Absolument pas. C’est une chance unique qui s’est présentée au retour du premier voyage en grande partie, grâce à la rencontre de personnes incroyables et passionnés que je ne connaissais pas et qui ont médiatisé cette aventure sans limite. Ainsi, en est-il de Marc Ouayoun, à l’époque directeur général de Porsche France, qui dès qu’il a eu connaissance de cette aventure au retour du premier voyage, a été hyper enthousiaste et à l’origine d’expositions de la voiture dans des manifestations ou salons incontournables : Le Mans Classic en guest star au milieu des clubs, Rétromobile sur un podium grandiose, deux mois au Porsche Center du Mans, avec une décoration du voyage grandiose, visite d’école…

 

Par la suite, cela a suscité d’autres manifestations, dont deux officielles, avec Porsche Stuttgart, exposition sur le stand Porsche au Nurburgring, participation avec Porsche Museum, qui avait engagé trois voitures du musée au rallye Sivretta Klassic en Autriche et qui avant demandé en quatrième voiture la 928 qui rentrait du tour du monde. Je n’oublierai pas Xavier Audio, le rédacteur en chef du magazine Auto-Retro et Rétroviseur, immense connaisseur du monde de l’auto et qui dès le début, s’est passionné pour cette aventure. Chaque voyage a fait l’objet d’un reportage complet dans Auto-Retro, sous la plume de M. Jean Claude Amilhat, journaliste écrivain, extrêmement talentueux.  


Avez-vous de futurs projets de longs voyages ?

Oui ! À ce jour, la 928 a traversé 40 pays sur trois continents et parcouru 64.000 km hors de France, sans panne ni crevaison. Pour fêter les 50 ans du modèle, je souhaite que la voiture traverse 50 Pays sur les 5 continents. Il reste donc dix pays à traverser et deux autres continents : Afrique et Océanie.


Avez-vous des voitures de collection ?

Oui. Une 4L de 1969, une Jaguar MK 2 3,8 L de 1962, une Porsche 928 GT de 1989 
et une Land Rover Defender 90 de 1988, modèle bâché. Je possédais également une BMW M3 E36 pistarde, revendue il y quelques années. 


Quelles sont les voitures anciennes ou contemporaines qui vous font rêver ?

Plusieurs, notamment la Facel Vega modèle Facel II, la Porsche Carrera GT, le Hummer H1 et la Rolls Royce Silver Wraith.

Quels sont vos hobbies ? 

Prendre des photos, jouer du piano et bien sûr voyager (106 Pays visités).

 

Biographie :

1959 : Naissance à Poissy 

1977 : Trip de Paris à Téhéran, à bord d’une Renault 4L. 

1979 : Traversée du Sahara, à bord d’une Renault 4L.  

1981 : Cap Nord, à bord d’une Renault 4L.

1984 : Paris – Kinshasa, à bord d’une Renault 4L.

2011 : Asie centrale 24.000 km – 27 Pays, à bord d’une Porsche 928 GT

2016 : Tour du monde 35.000 km – 13 Pays, à bord d’une Porsche 928 GT 

2021 : Islande 5.000 km, le tour de l’Islande, à bord d’une Porsche 928 GT

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