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Claire d’Achon

DÉCOUVREZ L’HISTOIRE CAPTIVANTE EN PDF

Rien n’arrête Claire d’Achon, qui croit dur comme fer à sa bonne étoile. Derrière son regard jovial, limite ingénu, se cache un caractère pugnace et déterminé, qui lui a permis de se faire une place de choix dans un monde de machos, celui du design des camions et autres engins de transport. Et sa prouesse prend une autre dimension, quand on sait qu’elle s’est imposée en Italie, pays roi du design. Avec sa passion pour l’automobile chevillée au corps, la Française est partie à la conquête du Groupe CNH Industrial, qui commercialise les marques Iveco et Heuliez, excusez du peu. Son amour pour les quatre roues ne se limitera pas uniquement au dessin, puisqu’elle décide de mettre les mains dans le cambouis et entreprend la restauration d’un coupé Mazda 929. Dans cet entretien accordé à Gentlemen Drivers, Claire d’Achon nous ouvre son petit jardin secret, en nous relatant sa passion pour le design automobile, entretenue au fil des réalisations et expériences, vécues à titre professionnel ou personnel.

Comment avez-vous attrapé la passion pour l’automobile ?

Depuis toute petite, j’ai été attirée par l’esthétique du produit, ses formes, ses jeux de lumières. Une voiture a naturellement une expression design très particulière, une identité, un regard. Un charisme à l’arrêt, dans le mouvement et saisissant derrière le volant. Lorsque nous partions en vacances en voiture, sur de longs trajets, très jeune déjà, je m’amusais à reconnaitre de jour comme de nuit, les marques et modèles de toutes les voitures que nous croisions. J’adorais particulièrement l’allure de la 205, surtout s’il s’agissait de la GTi, car je la possédais en miniature. J’ai d’ailleurs toujours ma collection de majorettes. Ma toute première fut une Ferrari 365 GTB Daytona rouge (modèle 1972). J’ai joué très longtemps avec mes petites voitures et maintenant, je collectionne des modèles un peu plus grands (1/18e ) dont une Aston Martin DB7 Vantage, qui me sert de cale-porte. (rires)

Quelle fut votre première voiture ?

Dès l’obtention de mon permis, mon père m’a laissé sa fabuleuse Renault 25 Ph2 Turbo D Méribel, baptisée la «Dachmobile» par mes camarades de classe. 300.000 km au compteur. Intérieur cuir, toit ouvrant (qui ne fonctionnait plus). Au moins 110CV, pour l’époque c’était fou et elle était très sécurisée. Et comme tout passionné d’automobile, je me suis mise à la «pimper». J’ai installé un poste Alpine, changé les enceintes et rajouté un ampli dans le coffre, avec tout le système Oxygène, pour avoir un super «System Sound». J’ai mis de belles jantes Norauto. Et je passais ma vie à la station de lavage et une partie de mes week-ends à la polir. Après, j’ai acheté une Citroën , que j’adorais, puis une Citroën DS3, une BMW Série 1 de 2006. C’est là que je suis tombée amoureuse de la marque. Je viens de passer 5 ans avec la Série 2 coupé 150CV. Et j’attends désormais la livraison de mon nouveau coupé 230i (245CV) en août prochain. En attendant, je roule avec ma Fiat Panda 2 4X4, que j’adore.

À quel moment avez-vous décidé de vous orienter vers le design industriel ?

J’ai toujours été une manuelle et adoré créer des objets, des histoires, modeler des villes dans le bac à sable, pour jouer avec mes petites voitures. Et j’ai commencé par m’intéresser au Design automobile en 1995, par le biais d’un ami, notamment les concept cars de Patrick Le Quément, avec L’initiale, le Vel Satis et l’Avantime. J’ai compris que l’automobile avait un potentiel incroyable concernant les formes et leurs évolutions. Le Design Instinctif ! Et le dessin a toujours été mon expression préférée. J’étais nulle à l’école, ça m’ennuyait. Là, j’ai vraiment commencé à avoir envie de dessiner des voitures. Durant ma période lycéenne, en Brevet de Technicien Dessinateur maquettiste, j’ai commencé à remplir des carnets de croquis. J’avais trouvé ce qui m’animait. Et il y a eu le concours d’entrée à l’École de Design de Nantes. J’étais la première à intégrer l’école sans BAC général. Des années fabuleuses, pleines de rebondissement, de très bons stages et des bonnes notes !

Pourquoi avez-vous opté pour le design transport, plutôt que pour le design automobile?

Je dirais que d’avoir démarré ma carrière par le design transport était probablement un choix par défaut, car je n’arrivais pas à rentrer chez les constructeurs, à cause de mes dessins, jugés «pas assez au niveau» et de mon diplôme de Designer Industriel, au lieu d’un diplôme de «Design Transport». J’ai eu cependant deux opportunités et j’ai mené de front deux projets professionnels. Le premier, suite à mon stage de 5e année, mon entreprise Magna Steyr m’a proposé de retravailler ensemble à l’issue des six mois. J’avais dessiné la globalité d’un quadricycle utilitaire électrique durant cette période de stage. Il fut labellisé au pôle de compétitivité des véhicules du futur. Le projet passait ensuite à l’industrialisation pour le client Brandt Motors. Les embauches étaient gelées chez Magna Steyr, ils m’ont suggéré de créer mon auto-entreprise. Et j’ai pu développer le design complet intérieur et extérieur du Citelec Brandt Motors, mon premier véhicule complet, dont je suis très fière. Le deuxième, juste après la création de mon autoentreprise Dachdesign. Heuliez Bus cherchait son nouveau responsable design. J’ai sauté sur l’occasion, car tout ce qui roule, m’attire. À ce moment-là, le PDG voulait des bus plus glamour et plus sexy. Et moi, j’aime les défis ! C’est là qu’a commencé ma carrière de designer transport, au sein du groupe Fiat Industrial. Puis en 2012-13, à la fusion de Fiat Industrial et CNH (Case New Holland), soit CNH Industrial, j’ai pris les rênes de l’équipe de design d’Iveco Bus et Heuliez Bus, à Lyon. Nous avions comme mission de redesigner toutes les gammes d’autobus et autocars, dans le contexte des nouvelles motorisations Euro 6, dictées par les normes environnementales. En tant que designer, j’ai vécu pendant 8 ans une expérience formidable, extrêmement formatrice, autant sur le point professionnel que personnel. En 2017, j’intègre Plastic Omnium. Je commence en tant que designer automobile, puis je crée le Design Studio en 2018, que je gère toujours aujourd’hui, avec mon équipe. Nous faisons le lien entre les designers des constructeurs et l’engineering de Plastic Omnium. Notre mission s’articule autour du design circulaire, de la durabilité et des enjeux environnementaux 2050. Le Design Studio est devenu un pilier de l’innovation. Nous sommes au deuxième point d’inflexion de l’automobile, où l’on ne peut plus concevoir des produits comme auparavant. Il y a donc d’immenses challenges pour les constructeurs, équipementiers, fournisseurs et toute la chaîne de valeur de chaque entité. Le designer n’a jamais été autant au cœur des stratégies d’entreprises. Une ère passionnante s’ouvre pour notre métier. Et puis dernièrement, nous avons présenté notre dernier produit à l’Institut français du design ; un pare-chocs intelligent, dans lequel nous avons intégré des capteurs de pointe et conçu le produit de façon éco-responsable. L’institut nous a décerné le Label JANUS de l’Industrie. C’est une grande fierté, car il s’agit d’un des Prix design les plus prestigieux de France.

Quelle différence entre les deux et est-il facile de
basculer de l’un vers l’autre ?

Bien sûr qu’il est possible de passer de l’un à l’autre. Cela est facile, à partir du moment où l’on s’adapte à la politique d’une entreprise, de ses enjeux économiques, sociaux et environnementaux. La grande différence se fera ressentir sur le volume de produits/an, le rythme du développement, la complexité du produit/process et bien sûr les budgets dédiés.

Quelles sont vos principales réalisations chez le groupe CNH Industrial ?

Mes principales réalisations sont les restyling Euro 6 des autocars et autobus IVECO BUS et HEULIEZ BUS. Les faces avant, arrière, certaines zones latérales et les intérieurs. Et beaucoup de livrées développées pour des clients. Celle que je préfère est l’Autocar Guillermin, aux couleurs du concept car Alpine. Je me souviens de ce jour, où le patron est arrivé dans mon bureau pour me dire : « Madame d’Achon, mes employés me prennent pour un fou, alors je compte sur vous pour que mes autocars prennent une allure sportive !». Et puis, il y a eu de chouettes réalisations salon ou encore le véhicule des All Blacks et celui des présidentielles, que j’ai eu la chance de configurer. Je garde une grande émotion pour les BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) tels que le Crealis E6 ou le GX Linium full électrique, mes derniers travaux. Des styles très spécifiques au Groupe CHNI.

Avez-vous noté des particularités du design italien par rapport aux autres écoles de design ?

Il est assez difficile de se prononcer, sans avoir été dans plusieurs écoles à l’international. Mais je dirais qu’il y a un véritable héritage dans le travail stylistique italien, qui semble se transmettre de génération en génération. La culture de la beauté passe devant la faisabilité ou même la qualité parfois. J’ai beaucoup de respect pour l’Italie et le travail des designers. C’est presque un passage obligatoire, pour tout créatif.
Nous observons aujourd’hui une volonté des constructeurs d’aller vers des produits plus intelligents (ADAS et connectés), plus légers, plus performants et plus «verts» (électrification), tout en conservant leur ADN. Plusieurs d’entre eux ont également revu leur identité, en changeant leur logo. Les signatures lumineuses sont devenues l’expression design des marques, pour une reconnaissance de jour comme de nuit. Et puis on observe, surtout en Europe, l’apparition de nouveaux aspects, comme les matières recyclées. Nous pouvons sentir cette volonté de changer vers un futur plus durable. Le futur nous proposera des véhicules autonomes, électriques et connectés. Avec des conceptions de plus en plus « décomplexées » et frugales, avec des matières recyclées et de nouveaux aspects, où l’imperfection deviendra acceptable.

Quel est votre designer fétiche ?

Je n’ai jamais eu de designer fétiche. Je m’inspire de tous, tant que leur travail me semble juste, raisonné. Chaque travail de designer est respectable.

Avez-vous un intérêt pour les voitures anciennes ?

Si oui, quelles sont les voitures que vous préférez ? Évidemment ! Les anciennes voitures me font vibrer. L’histoire qu’elles portent, leur expression design, leurs aptitudes sportives, leur magie, leur odeur, la façon dont on les conduit. Ce sont pour la plupart, des œuvres d’art. Rien à voir avec l’automobile contemporaine. Les anciennes voitures se conduisent avec le corps entier. C’est comme à cheval, on utilise tous nos sens. C’est du sport ! À 22 ans, pendant mes études de design, j’ai entendu cette phrase : «De la fonction découle la forme». Alors, si je voulais devenir designer automobile, je me devais de savoir comment fonctionnait une voiture. J’ai alors acheté une Mazda 929 coupé sur Ebay, en 2005. (J’ai remporté l’enchère, à 371euros). Elle ne roulait pas et le moteur tournait à peine. Aucun casseur n’en aurait voulu, tant elle était rouillée. Modèle très rare et peu importé en Europe, (et pas du tout en France) mais à l’allure affutée des muscle cars des années 70. Un ami a baptisé ma voiture Miss Japan et j’ai entrepris de la restaurer entièrement. Cela fait 17 ans que je restaure cette voiture, au rythme d’une Sagrada familia sur roues. Les pièces sont extrêmement rares. Mais ce qui valorise le plus cette voiture, c’est la communauté qu’elle a fédérée. C’est une expérience humaine incroyable depuis 2005. Je la fais rouler dès que je peux. Les voitures que je préfère, ou devrais-je dire, mes coups de cœur : La Porsche 907 Long Tail de 1968, la Toyota GT2000 de 1967, la Ferrari 330 P4 de 1967, la Ford Mustang Shelby fastback GT500 de 1967, l’Alfa Romeo GTV 2000 Bertone de 1972, la BMW M3 e30 de 1986, la Maserati Granturismo depuis 2007, la Lexus LC500 de 2020, la BMW M2 compétition 2018, la BMW M4 coupé 2021 et la nouvelle BMW M240i coupé 2022.

Quels sont vos hobbies ?

Au-delà de mes hobbies, ma passion première est le cheval. À 13 ans mes parents m’ont offert mon premier cheval, un welsh cob, avec lequel nous avons fait les 400 coups, galopé sur plusieurs plages de France, participé à beaucoup de concours complets (3 épreuves : Dressage, CSO et Cross). Il y a 10 ans, je m’inquiétais déjà du jour où il partirait. J’ai décidé de m’acheter un autre welsh cob, importé directement du Pays de Galles. King, trop fort, trop puissant et trop dangereux pour moi, je frôle l’hôpital à plusieurs reprises et je finis par m’avouer que je n’ai pas le niveau pour un cheval aussi puissant. Nous avons cependant remporté plusieurs prix en Modèles & Allures. Il est toujours avec moi aujourd’hui. Et puis il y a 4 ans, toujours dans l’optique de trouver mon prochain cheval, j’ai investi cette fois dans le « mental » et trouvé Hurricane, à l’Elevage de Maika, un autre welsh cob, une petite merveille, avec qui j’ai créé une belle complicité, par le biais de l’éthologie. Les longues balades sont à l’ordre du jour et nous travaillons petit à petit la discipline du dressage. Je m’investis désormais dans l’éthologie et l’équitation raisonnée, encadrée par les coachs qui me conviennent. Mais si j’en reviens à l’automobile, en ce qui concerne la Mazda : Miss Japan, nous préparons notre nouvelle saison 2022. En tant qu’équipage Miss Japan, nous participations à «La Carrera Panarmoricana», qui est un Tour du Finistère, en avril prochain (1.000km de tour et 3.000 km au total, en partant de Lyon par la route), je serais co-pilotée par un copain, Didier Porcherot. Et puis pour le deuxième évènement, je participe au Wonder Rallye (100% féminin), qui se déroule dans le sud de la France, des Baux de Provence à Monaco. Pour celuici, j’ai le privilège d’être co-pilotée par l’organisatrice du Stuttgart Lyon Charbonnières, Nahide Ennam. Au programme, roulage avec nos voitures tous les matins et les après-midis sont dédiées à de multiples activités, telles que du drift en BMW M2, un Challenge karting, du off road, etc Nous sommes membres de l’Association Wangan Import (Organisme de rassemblements de véhicules japonais du Rhône-Alpes) et sommes entourés de partenaires solides, tels que Michelin pour la fourniture des pneumatiques, BJF Motors (l’Atelier Classique) pour la préparation de la voiture, Eurofac pour la fourniture des suspensions Bilstein, de Studio Grafix, pour l’update du covering d’un évènement à l’autre et enfin Polissage Crozier, pour le polissage et chromage des pare-chocs. Daytona 73 est également une de nos autres partenaires, qui nous habille pour le premier jour du Wonder Rallye, sur le thème de la «Rock Attitude», en hommage à Jessi Combs, la «femme la plus rapide sur 4 roues ». Côté sponsoring, nous sommes soutenus par Le Crédit Mutuel, ainsi que par Spacing Dimater. Nous sommes néanmoins, toujours en recherches de financements, pour que notre projet aboutisse. J’ai investi dans un domaine à la campagne, il y a 2 ans. Mes chevaux y ont pris place, ainsi que mes voitures et la famille s’est agrandie avec une chienne exceptionnelle croisée, Pandora. Je suis heureuse aujourd’hui de pouvoir varier les plaisirs. Enfiler ma tenue d’agricultrice très tôt le matin et le soir, pour aller m’occuper des chevaux et enfiler ma tenue de working girl, pour ma journée de travail.

Bio express

31 août 1983 : Date de naissance (approx.) Hautes-Pyrénées
10 décembre 1983 : Date d’adoption par Hughes et Caroline d’Achon
2005 : Acquisition de la Mazda 929 coupé (première voiture de collection)
2009 : Diplôme de designer industriel (Bac +5)
2009 : Responsable du Design HEULIEZ BUS (employée)
2009 : Création auto-entreprise Design Global – DACHDESIGN
2011 : Premier rallye de régularité
2012 : Designer manager CHN Industrial (IVECO BUS & HEULIEZ BUS)
2017 : Designer automobile PLASTIC OMNIUM (Division IES)
Depuis 2019 : Responsable du Design Studio PLASTIC OMNIUM (Division IES)
2021 : Award Design – Label JANUS de l’Industrie : Smart Face 2.0 (Pare-choc Intelligent)

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