Nous sommes en 2016 après Jésus-Christ. La Bugatti Chiron assoit sa domination sur toutes les supercars au salon de Genève. Toutes ? Non ! Une irréductible suédoise résiste encore et toujours…
La plus puissante, la plus rapide, la plus luxueuse, la plus chère : comme la Veyron avant elle, la nouvelle Bugatti Chiron est un véritable concentré de fantasmes. Star du salon de Genève, elle y a débarqué en terrain conquis avec la ferme intention de remettre tout le monde d’accord, notamment après l’éblouissant numéro des Porsche 918, McLaren P1 et LaFerrari (dont aucune n’est plus produite aujourd’hui).
Pourtant, malgré sa fiche technique superlative, la Chiron n’est pas seule au Palexpo. Ce n’est pas la Lamborghini Centenario qui risque de lui faire de l’ombre, une Aventador SV recarrossée à la hâte et animée par un anémique V12 atmosphérique de 770 ch. Ni l’obscure Arash F10 qui, malgré ses 2000 ch théoriques, peine déjà à rivaliser sur le papier avec des autos trois fois moins puissantes. Même la formidable Pagani Huayra BC ne joue pas dans la même cour (du moins en ligne droite…). C’est vers un autre artisan de génie, scandinave celui-ci, qu’il faut se tourner. Koenigsegg, constructeur suédois dont les CCX et Agera ont fait enrager la Veyron tout au long de sa longue carrière, n’est en effet pas venu les mains vides à Genève. Il y présente sa nouvelle supercar, la Regera, cette fois en version définitive après le modèle de présérie dévoilé l’an passé au même endroit.
Alors que ses devancières faisaient appel à de bons vieux V8 turbocompressés (jusqu’à 1 360 ch sur l’Agera RS), la Regera entre dans l’ère de l’hybridation. À son V8 5.0 de 1 100 ch, elle associe trois moteurs électriques pour une puissance cumulée de 1 500 ch. Autant que la Bugatti Chiron, qui y parvient de son côté sans le secours de la fée électricité grâce à un W16 8.0 herculéen. Le couple de la Koenigsegg est encore plus impressionnant : 2 000 Nm, contre « seulement » 1 600 Nm pour la Bugatti Chiron . Malgré ses batteries, la suédoise parvient de surcroît à contenir son poids en ordre de marche à 1 590 kg quand la Bugatti Chiron frôle les deux tonnes.
La Chiron a donc trouvé à qui parler. Si la Regera ne brille pas sur l’exercice du 0 à 100 km/h (2,8 s) en raison de ses roues arrière motrices face à la transmission intégrale de son adversaire, elle se rattrape ensuite à mesure qu’elle prend de l’élan : 0 à 200 km/h en 6,6 s (6,5 s pour la Bugatti Chiron) et surtout 0 à 300 km/h en 10,9 s (contre 13,6 s). Une reprise de 150 à 250 km/h est expédiée en 3,9 s et le 0 à 400 km/h en 20 s. Mystère quant à la vitesse de pointe, peut-être la valeur la plus symbolique pour Bugatti : la Chiron est pour l’instant bridée électroniquement à 420 km/h, mais on se rappelle que la Veyron Supersport dépassait les 430 km/h avec 300 ch de moins. Koenigsegg ne s’est pas étendu sur cette valeur mais la Regera devrait elle aussi pouvoir croiser allègrement au-dessus des 400.