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Andrea Zagato

DÉCOUVREZ L’HISTOIRE CAPTIVANTE EN PDF

Se faire inviter par Andrea Zagato himself pour assister à la présentation de sa dernière création, la Mostro, est une chance qui ferait rêver n’importe quel support de la presse automobile. Mais quand l’invitation est adressée à Gentlemen Drivers, c’est un véritable privilège.

En effet, le Magazine est le premier support africain et arabe à découvrir les locaux du célèbre carrossier italien et à interviewer Andrea Zagato. Dans cette interview, ce grand personnage de l’automobile retrace son parcours, son apport à la firme Zagato et évoque ses projets futurs.

Interviewer un carrossier est toujours un moment de forte intensité émotionnelle pour un journaliste automobile. Et pour cause, les carrossiers se font de plus en plus rares, victimes de l’internalisation par les constructeurs du design et de la fabrication des carrosseries. Ces derniers se comptent, en effet, sur les doigts de la main, privant les amateurs nantis du privilège du sur-mesure. Parmi les rares survivants, le prestigieux carrossier italien Zagato, dont l’aura s’étale sur des décennies d’innovation et de créativité. Ayant collaboré avec de grands constructeurs tels que Lamborghini, Alfa Roméo ou Aston Martin, pour ne citer que ceux-là, le carrossier italien a marqué de son empreinte le design automobile, à travers des oeuvres d’art qui témoignent de son grand savoirfaire. Aujourd’hui, les destinées de ce maître carrossier sont entre les mains d’Andrea Zagato, le petit-fils du fondateur de la firme. Fort de sa passion pour l’automobile, mais aussi de la maîtrise du management et du marketing, il a su insuffler une nouvelle dynamique à l’entreprise familiale, sans pour autant renier l’histoire de Zagato, qui reste très ancrée dans l’aéronautique.

Comment avez-vous attrapé le virus de la passion pour l’automobile ?

Mon père a quitté la famille, alors que j’étais encore très jeune. Je devais avoir cinq ans. Mais il a gardé des liens avec moi, puisqu’on avait l’habitude de se voir au moins une fois par mois et à l’occasion de certaines vacances d’été. Donc, j’attendais avec impatience mon père pour monter dans sa voiture Granturismo et partir avec lui en vacances. Il fut un grand gentleman driver et un excellent pilote, qui conduisait trop vite. J’ai grandi avec mon grand-père maternel, qui était un ingénieur, très intelligent mais très à cheval sur les principes et les règles de bonne conduite. Donc, quand j’étais avec mon père, je passais des moments de folie et de totale décontraction. En fait, les virées que nous faisions ensemble me permettaient de sortir momentanément du carcan dans lequel je vivais toute l’année. Parfois, mon père était pourchassé par la police qui n’arrivait pas à nous arrêter, tellement il roulait à tombeau ouvert. Bien entendu, je ne pouvais rien raconter à mon grand-père, de peur qu’il ne se fâche. Mon grand-père et mon père étaient pour moi comme Dr Jekyll et Mr Hyde (rires….). Mon grand père était un carrossier et mon père un gentleman driver, qui a créé la marque GranTurismo dans les environs de Milan. Il s’agit d’une catégorie de voitures qui se situe entre les bolides de course et les voitures de grand tourisme.

Votre première voiture ?

Une Fiat 500 blanche, de 1968.

Est-ce que vous conservez vos voitures ?

Ma famille ne l’a pas fait et c’est regrettable, au regard de la valeur financière des modèles Zagato aujourd’hui. Personnellement, je m’y suis pris un peu sur le tard, mais j’ai commencé à le faire. J’ai réussi à créer une collection des voitures de mon époque, mais malheureusement celles de mon père ont aujourd’hui une trop grande valeur pour avoir la possibilité de les récupérer. Une Zagato DB4, par exemple, vaut aujourd’hui 10 millions d’euros. Je regrette particulièrement une voiture que j’étais sur le point d’acheter dans ma tendre jeunesse. J’étais à l’université et j’ai vu la photo de la Fiat « Otto Vu » spider Zagato blanche et tout de suite cette voiture m’a plu. J’ai demandé donc à mon père de m’en acheter une, mais il m’a enjoint de me focaliser sur mes études et il m’a rappelé au passage que cette idée déplairait fortement à mon grand-père. À cette époque-là, je pouvais acheter cette voiture pour la somme de 5.000 euros. Trente ans après, cette voiture me fait rêver autant, mais son prix devrait avoisiner le demi-million d’euros. Aujourd’hui, j’essaye de garder jalousement quelques modèles Zagato, signés par l’artiste.

Quelle orientation avez-vous pris dans vos études ?

J’ai intégré l’université Bocconi de Milan et j’ai suivi la branche finance et marketing. J’ai également passé un examen d’architecture, parce que je voulais créer un lien entre le marketing et le design. Les designers parlent français, tandis que les marketeurs parlent allemand et aucun des deux n’arrive à comprendre l’autre, faute d’un vocabulaire commun.

Peut-on considérer Zagato comme un constructeur ?

Nous ne sommes pas un constructeur, nous sommes un transformateur. Nous nous limitons à fabriquer la carrosserie. Mon grand-père travaillait au départ dans l’aéronautique, mais il a décidé par la suite de fabriquer des carrosseries très légères de voitures. En fait, la principale différence entre une voiture Zagato et les autres est son inspiration de l’aéronautique.

Dans quelle mesure le client intervient-il dans la conception de sa voiture ?

Le client peut-être influent dans certaines décisions, mais il faut dire que nos designers jouissent d’une grande autonomie. Avant de construire un nouveau modèle, nous choissions parmi nos clients celui qui guidera notre conception de la voiture à travers ses goûts, son regard et ses préférences. Le plus difficile pour nous, c’est quand il faut développer un modèle sur la base du châssis ou le moteur d’une autre marque. Pour réussir la collaboration, il faut satisfaire à un certain nombre et de critères, établis de part et d’autre.

Quelles sont les principales réalisations de Zagato ?

Zagato est une firme qui innove, à chaque décennie. Si tu jettes un coup d’oeil sur mon livre, tu te rendras compte que j’ai fait une compilation de modèles de chaque décennie. Donc, nous avons plusieurs icônes dans notre collection. Si nous prenons par exemple le Granturismo, notre choix portera certainement sur l’Aston Martin DB4. S’agissant des années 20- 30, probablement la Nuvolari Mille de Miglia, dont le design se rapprochait nettement des avions. Dans les années 60, c’est peut-être la TZ2. Lors de la décennie 80, c’est l’Alfa Roméo SZ, qui fut la première à être dessinée en faisant appel à l’auto CAD. En effet, nous étions les premiers à avoir recours à cette technique au monde, 10 ans avant des constructeurs prestigieux tels que Lamborghini.

Qu’est-ce qui différencie Zagato de la concurrence ?

Zagato est le seul qui puise ses origines dans l’aéronautique, ce qui est une des raisons pour laquelle il est très minimaliste. Nous nous concentrons beaucoup sur la forme du corps, le volume de la voiture, et non pas sur les détails. Chez Zagato, il n’y a pas du tout d’ornement. En raison de cette approche, en raison de notre patrimoine génétique dérivant des avions, nous avons consolidé notre réussite dans la course avec Alfa Romeo, au Mille Miglia. Toutes nos voitures ont été gagnantes et, à la fin, Enzo Ferrari a dit, la voiture qui gagne la course est la plus belle.

Faites-vous de la restauration ?

Non, nous ne faisons pas de restauration, mais carrément de la réédition de voitures perdues. C’est comme ce qu’a fait Aston Martin pour les quatre DB4 Zagato. Nous pouvons assister les clients qui souhaitent restaurer leurs voitures en leur fournissant des plans, de la documentation technique, de la formation, mais pas plus que ça.

Que pouvez-vous nous dire de la Mostro ?

Nous avons invité quelques pilotes participant à la célèbre course des Mille Miglia et des supports de la presse automobile dans le quartier rénové de l’ancienne usine Alfa Romeo à Arese, pour la découverte de la Mostro, qui sera produite à cinq exemplaires seulement. Trois Alfa Roméo TZ, une TZ Corsa ainsi que deux Aston Martin étaient également de la partie. La Mostro repose sur un châssis en carbone, produit par la société belge Gillet, matière que l’on retrouve également dans la carrosserie et l’énorme aileron arrière. OEuvre du japonais Norihiko Harada, responsable du design chez nous, le bolide cache dans ses entrailles un noble V8 Maserati crachant 530 ch, ainsi que des trains roulants empruntés à la banque d’organes de la marque au Trident. Quant au freinage, il est assuré par Brembo. Pour nous, cette dernière création est une réinterprétation de la Maserati Zagato Mostro conçue pour s’aligner aux 24h du Mans en1957. Tout en aluminium, elle était animée par un V8 4,5l de 400 ch, qui lui a permis de mener la course jusqu’à la nuit, avant qu’une casse du moteur mette un terme à l’aventure, menée par Harry Schell et Stirling Moss.

Pouvez-vous nous parler des liens unissant Aston Martin et Zagato ?

Aston Martin et Zagato vivent une idylle ininterrompue depuis1961. Une fusion évidente, presque naturelle, pourtant contenue à une production confidentielle, en marge de la distribution des autres divas de Gaydon. Parmi les modèles phares de cette collaboration, on pourrait citer la DB4 GT de 1961, les V8 Vantage et Volante (1986-1988), la DB7 Volante (2002), la DB AR1 (2003) et la dernière, la V12.

Comment qualifiez-vous vos rapports avec Alfa Roméo ?

Les relations sont bonnes. Mais les Milanais attendent toujours le grand retour d’Alfa Roméo. Les débuts sont prometteurs, avec le lancement de la 4C et nous attendons l’arrivée de la nouvelle Giulia. Le musée de la marque a également été inauguré et il se trouve à quelques encablures de notre siège. Alfa Roméo est très probablement la meilleure marque de voitures au monde. De ce fait, elle devrait avoir une production propre à elle. Sincèrement, je pense qu’Alfa Roméo mérite quelqu’un comme Altavilla, qui a une grande passion pour les voitures et qui roule en classic cars. Je pense qu’Alfa Roméo est de retour et les relations avec Zagato devraient reprendre très bientôt.

Que pouvez-vous nous dire sur votre collaboration avec BMW ?

J’apprécie réellement la marque, ainsi qu’Adrien, que je respecte beaucoup. Nous travaillons avec Karim Habib, ainsi qu’avec Adrien, sur des projets intéressants. BMW est une marque qui accorde beaucoup d’importance à l’histoire. C’est en fait une collaboration qui s’inscrit dans l’histoire, puisque mon père a travaillé avec la marque pour la conception de la barchetta Mille de Miglia 1948. Que représente pour vous la Fiat 500 Zagato ? L’idée de départ était de travailler sur une Abarth, mais le nouveau management de Fiat a finalement préféré avoir comme base une simple 500. Ce qu’on souhaiterait faire, c’est d’allonger le cycle de vie de la Fiat 500. Les discussions sont en cours, mais je crois que finalement ce modèle sera produit sur la base d’une Abarth. Nous n’allons pas reprendre le design que nous avons réalisé sur la 500 de 2010. L’idée serait d’opter pour une carrosserie courte, plus dynamique, de faire appel à la fibre de carbone, ainsi qu’à la signature de Zagato, à savoir la fameuse double bosse.

Comment voyez-vous l’avenir de Zagato ?

Nous avons ouvert un second département, dans le but d’avoir un design plus ouvert et de diversifier notre offre, en concevant des crossovers et des carrosseries cinq portes. C’est comme ce qui se passe dans la mode, où vous avez le haut de gamme et le bas de gamme. Chez nous, nous avons une seconde griffe, qui sera plus accessible et que nous allons introduire lors du Salon de Francfort. La signature Zagato sera exclusivement l’apanage des produite haut de gamme.

Comment en êtes-vous arrivé à collaborer avec Chopard ?

C’est sur le tracé de la prestigieuse Mille Miglia que Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard, m’a rencontré. Chopard est le chronométreur officiel de la course Mille Miglia, la famille y participe depuis 25 ans. L’idée d’une collaboration est née : une montre qui exalte notre passion commune pour l’automobile et les valeurs véhiculées par la Mille Miglia. Exclusive, racée et technique, la Mille Miglia Zagato est notre produit phare. Elle profite des expertises respectives des deux maisons, passionnées par l’automobile. Chopard en assure l’exécution, la partie moteur et le châssis. Pour notre part, nous participons à la création de la carrosserie, de l’habitacle et de la sellerie. Cette série limitée est imprégnée de l’esprit Grand Tourisme de Zagato, de la rigueur horlogère de Chopard et de l’authenticité de la Mille Miglia. Notre prochain projet est la conception d’un chronographe pour femmes.

Si vous comparez la Mille Miglia Zagato à une montre, laquelle serait-elle, selon vous ?

Peut-être que ce serait une Alfa Romeo Zagato de fin des années 20, une 6C ou une 8C, car elle rappelle l’esprit du mythe de la Mille Miglia et les victoires épiques des plus célèbres pilotes de tous les temps au volant des voitures d’Enzo Ferrari. Mais cela pourrait être aussi une Ferrari 250 GTZ des années 50, une voiture typique de Gran Turismo qui était « assez » confortable pour les routes, belle pour un Concours d’élégance et assez rapide pour participer à la course et gagner dans une compétition. Et sûrement au volant d’une Zagato Gran Turismo, vous auriez trouvé un chronographe Chopard.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Nous avons collaboré avec Playstation Granturismo pour le lancement du produit Iso Course, dont le but est la promotion d’Iso Rivolta, qui fut un grand pilote pour Ferrari et Lamborghini. Le jeu sera commercialisé dès septembre prochain.

Avez-vous une collection personnelle de voitures ?

Malheureusement non. Tout ce dont je dispose actuellement c’est de trois motos de marque Harley Davidson et Ducatti.

Vos hobbies ?

Je suis passionné de ski et il m’arrive également de participer à quelques rallyes.

En 1957, les 450S courent leur premier grand prix, en l’occurrence, les 1.000 kilomètres de Buenos Aires, avec les pilotes Juan Manuel Fangio et Stirling Moss.

 

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